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Outre le fait que n'importe quel amateur de polyphonie ne peut y rester insensible, le cantu a tenore est particulièrement remarquable en raison de ses techniques vocales qui se rapprochent du chant diphonique mongol. Le bassu utilise une technique proche du kargyraa (chant de gorge grave, reposant sur l'usage des bandes ventriculaires ou "fausses cordes vocales"), tandis que la technique du contra se rapproche plutôt de celle du khoomei (chant de gorge simple).Historique
Les éléments permettant la datation des origines de cet art sont trop vagues pour permettre une chronologie précise de sa naissance. Cependant, quelques témoignages, remontant à l'époque préchrétienne, font référence à un mystérieux chant à quatre voix, exécuté par les prisonniers de Rome provenant des zones internes de l'île. Cependant, certains font remonter la naissance de ce chant jusqu'à la période nuragique, mais cela reste une simple hypothèse, aucun document ne permettant de l'attester.
Caractéristiques
Il est pratiqué par un groupe de quatre chanteurs dont chacun a un rôle distinct. La oche ou boche ("voix") est la voix soliste qui chante un texte poétique. Elle est accompagnée par un tenore ("chœur") formé par la mesu boche ("demi-voix"), la contra ("contre") et le bassu ("basse"). Ces trois voix se distinguent par la tonalité de plus en plus grave, et elles articulent des séquences de syllabes dépourvues de sens (par ex. bim-bam-bou). Alors que la boche et la mesu boche chantent avec des voix normales, la contra et le bassu emploient une technique gutturale monopolisant le larynx et l'appareil phonateur. Selon la tradition populaire, la mesu boche imite le son du vent, alors que la contra imite le cri de la brebis et le bassu celui de la vache. Les textes exécutés par la oche peuvent être de genre épique, historique, satirique, de protestation ou d'amour.
Différences régionales
Son exécution diffère d'un village à l'autre, de telle sorte que le style d'un certain village peut être reconnu d'emblée. Ainsi, par exemple, dans la zone de Orgosolo, Oliena, et Mamoiada, le chant est caractérisé par l'exécution de syllabes ouvertes (bim bam) et d'une voix basse sèche et ouverte ; au contraire, dans la zone de Bitti, la voix basse et les syllabes exécutées par le trio sont plus sombres, écluses et rondes (bom). Aujourd'hui on ne trouve que des groupes d'hommes, mais on garde la mémoire de groupes de femmes. Le canto a tenore devait être déjà pratiqué à l'époque des nuraghe vers 1800 av. J.-C. . Parmi les groupes les plus connus on peut citer les Tenores di Bitti, les Tenores de Orosei, les Tenores di Oniferi et les Tenores di Neoneli.
Si l'usage de ces techniques particulières est intéressant d'un point de vue musicologique (car complètement uniques en Europe), il donne également une polyphonie rugueuse, âpre, qui frotte les oreilles... Et c'est ça qu'on aime dans le cantu a tenore.

Quelques démonstrations auditives valant mieux qu'un long discours...
Vidéo de présentation par l'UNESCO.
L'exemple le plus typique de cantu a tenore qu'on puisse imaginer, par les Tenores di Bitti "mialinu pira", l'un des groupes les plus connus en Sardaigne et qui a également fait pas mal de tournées internationales.
Démonstration des différentes voix par les mêmes Tenores di Bitti.
Un morceau plus rythmé (peut-être dansable), par les Tenores di Orosei.
Un morceau avec une voix de mesu-boche en falsetto, par les Tenores di Urzulei.
Une version un poil plus "moderne" du cantu a tenore (en terme de tuilage entre les chants et de rythmique) par les Tenores 4G de Bultei.